Monsieur le Président de la République
Monsieur le Premier Ministre
Monsieur le Directeur de Cabinet du Président de la République
Monsieur le Secrétaire général de la Présidence
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel
Mesdames, Messieurs,
« Liberté ! En toutes choses, justice et ce sera assez de liberté » suggérait Joseph Joubert, moraliste de l’époque de la Révolution française. On le rejoint volontiers, aujourd’hui encore.
La télévision, la radio et les médias traditionnels et/ou nouveaux, nous mettent face à nos quêtes et aspirations de liberté. Certains diront valeurs et démons qui souvent cheminent ensemble, malice en bandoulière. La liberté est au cœur du fonctionnement de l’industrie des médias. Comme il se doit, elle est une valeur turbulente, vivante, fragile, fugace et partagée et/ou disputée.
Le 17 juin 2015, la télévision au Sénégal, à l’instar de tant d’autres pays, passera au « Tout numérique ». Le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel, ainsi que le Comité de pilotage de la Transition, ont passé une bonne partie de 2014 à préparer cette échéance, à procéder au basculement technologique. Le chantier est bien avancé dans le calendrier de travail et nous pouvons dire en confiance que nous entrerons dans l’ère du numérique. L’enjeu est non négligeable et il est important de l’envisager sous tous les aspects que demande la société.
Oui, au 17 juin 2015, nous dominerons la technologie. Mais il nous restera à dompter la sociologie de cette transition. Il nous restera le grand chantier de redéfinition d’une identité, d’un rôle et d’un futur pour le paysage médiatique du Sénégal de 2015. Redéfinir une utopie. Cela est certes une grande affaire, mais ne sera certainement pas la première dans notre histoire humaine. La société agraire a su générer son organisation, la société industrielle a su créer sa révolution. La société de l’information n’a nulle raison de rater cette marche. Tout au plus sommes-nous sous la pression d’une accélération.
C’est un exercice périlleux et bénéfique que celui d’imaginer le futur de notre paysage médiatique, celui-là même qui devra chaque jour nous proposer une représentation de nous-mêmes. Selon quels principes nous projeter dans nos espaces respectifs, afin de mieux nous situer dans la réalité globale contemporaine ? L’exercice est intellectuellement et politiquement séduisant. Périlleux en ce sens que la probabilité d’arriver à une définition unique est non seulement infime, mais, plus important, nous ne la souhaitons même pas, tant la diversité et le pluralisme sont la raison même d’exister de ce secteur.
Enfin, c’est un exercice bénéfique car c’est désormais une pratique ancrée et salutaire de notre jeune démocratie que de nous prêter à cet exercice difficile, exigeant, voire impossible, mais plus que jamais nécessaire. Tenter (à défaut de nous définir de manière uniforme) de nous compter, inventorier les conceptions de soi qui se rencontrent et se confrontent dans l’espace public pour libérer la parole, partager les savoirs et démocratiser l’accès à l’outil de communication. Renouveler l’exercice comme une exigence philosophique et politique de la quête démocratique, mais aussi remettre encore une fois l’ouvrage sur le métier dans une époque où les principes de la coexistence des expressions communautaires, commerciales, publiques dans l’espace médiatique sont soumis à un rude questionnement. La clé de la cohabitation sera-t-elle la quête d’une utopie politique et sociale plutôt que la poursuite d’une utopie technologique ? Et dans ce contexte, l’identité et le rôle des uns et des autres sont déterminants pour répondre à la question. L’enjeu est, de fait, toute la puissance et la fragilité que recèle la diversité. Pourvu que nous osions la chérir et chercher à lui redonner son rôle et sa place dans un contexte en mutations rapides et profondes.
La société sénégalaise a le mérite d’avoir conquis et construit, dans le demi-siècle écoulé, un paysage médiatique pluriel. Différentes formes d’expression cohabitent avec des fortunes sociales et économiques diverses. Les heurs et malheurs de la quête de diversité ont parfois pris la forme de prédations politiques ou économiques. Tant bien que mal, le paysage s’est construit et sédimenté. Tant bien que mal, il survit, informe, anime, participe à la construction nationale, par la seule et farouche volonté de faire entendre la voix de chacun, faire progresser la justice sociale et émerger une conscience citoyenne.
C’est adossé à nos acquis que nous revisitons ce supplément d’âme: « il faut que l’espoir demeure toujours la priorité ». Ce n’est pas peu dans un contexte de redistribution des ressources et de refonte des valeurs.
Il est ici question de droits, des attentes de la société et du rôle des politiques publiques
Depuis les essais de Marconi à la fin du 19e siècle -et avant de connaitre les constructions sur le modèle Berlusconi- la radiodiffusion a bien évolué, sur les plans technologique et politique. En près de 100 ans, la radiodiffusion a sûrement amorcé et tracé la marche vers la démocratisation de la communication sociale. Aujourd’hui, nous allongeons le pas jusqu’au numérique qui démocratise jusqu’à individualiser la communication.
C’est bien, mais il est crucial de revisiter le rôle, la place et la responsabilité de l’information, du média. Le sens et le rôle de la médiation, soit professionnelle, soit communautaire. Réaffirmer la valeur que nous donnons au lien social qu’offre la médiation. La mission que nous lui assignons. « La radio associative a un rôle essentiel dans une société en crise, elle doit rester un secteur innovant et créatif, il en va de sa survie et de la pluralité » peut-on lire dans un article publié par la Confédération Nationale des Radios Associatives de France (l’autre CNRA) en novembre 2011. Enorme responsabilité sociale et politique qui s’accompagne de besoins colossaux en contenus et formation.
Les enjeux sont d’amener les producteurs de contenus à mener à bien leur travail de construction nationale, préservation et animation de la diversité, expression informée de la citoyenneté. De médiation de la société avec elle-même pour plus d’équité, pour une urbanisation humaine, pour une requalification de la société agricole, pour le dialogue intergénérationnel, pour la protection et l’épanouissement des jeunes.
D’où l’urgence d’accompagner par le mouvement, de prouver le mouvement en marchant, par la mise sur pied de deux mécanismes :
- d’une part, un fonds d’appui à la création et à la production audiovisuelle
- d’autre part, un Institut National de l’Audiovisuel.
Ces deux mécanismes devront être aptes à sauvegarder, promouvoir, valoriser des contenus et programmes pertinents, adéquats et appropriés dans un espace-temps numérisé.
Et pendant que tous ces défis essentiels restent à relever, est déjà dressée devant nous la nouvelle frontière de la transition vers le numérique.
Quels liens entre « transition au numérique », « pluralisme » et « accès à l’information » ?
Le numérique est arrivé pour tous : Médias commerciaux, communautaires ou de service public… Sous toutes les latitudes.
Mais alors, quelles modalités de transition au numérique pour l’audiovisuel sénégalais ? Les enjeux sont technologiques, financiers, organisationnels, politiques, professionnels, philosophiques…
Certains ont tôt soulevé les questions clés et livré le plaidoyer pour une transition au numérique qui garantisse le pluralisme et l’accès à l’information. Car là est bien l’enjeu : la question politique et sociétale du pluralisme, de la concentration, de l’existence des petits médias et de la protection de la diversité, du contrôle des contenus.
L’urgence est d’amener le secteur audiovisuel sénégalais à accompagner l’entrée dans la nouvelle ère. Le tissu médiatique sénégalais est aujourd’hui assez large, diversifié et mature pour assumer cette mission ; revisiter son projet éditorial et sa vision pour accompagner ce nouveau tournant historique.
Monsieur le Président, notre presse mérite que l’on se penche à son chevet. Elle mérite mieux que ce qui lui a été témoigné jusqu’à ce jour. Le diagnostic est connu, disponible. Des solutions dorment dans les tiroirs parlementaires. Pourtant le projet de code de la presse, probablement revisité, résoudrait certains des casse-têtes économiques du secteur autant que les motifs de préoccupation professionnels.
L’aide à la presse est devenue une modalité dépassée, elle doit être repensée en termes de financement du secteur des médias pour être enfin utile, efficace à sortir la presse de la petite misère et parce que le contexte du numérique oblige à une nouvelle lecture, à une nouvelle organisation. L’Etat à cet égard doit s’approprier tout son rôle pour assurer le service public, le service aux différents publics qui composent la nation par la prise en charge totale par l’Etat du financement du service public de l’audiovisuel.
Les contraintes de ce service public ne s’accommodent point de courses à l’audimat pour capter les revenus de la publicité commerciale. Le service public doit être libéré de ces aléas pour la garantie d’exécution à bonne fin de ses missions au service de l’Etat et de la société. Le secteur privé de l’audiovisuel, voire des médias, pourrait jouer pleinement son rôle, avec le renforcement de ses capacités managériales et rédactionnelles, des gains de compétitivité structurante face à un marché de la publicité délesté de la concurrence du secteur public.
Mais bien plus et mieux que cela, le passage à la société de l’information impose une éducation de nos médias, une formation continue. Permanente. Que l’octroi et le renouvellement de la carte de presse et des licences puissent être assortis de formations obligatoires et garanties par l’Etat. Les contextes et les enjeux changent à une vitesse vertigineuse. Je voudrais recommander, Monsieur le Président, que l’Etat, dans le cadre d’une aide à la presse revisitée, mette en place un mécanisme de mise à niveau constante, afin que la presse puisse s’assurer un registre de culture générale performant, une maitrise des concepts, idées, valeurs, enjeux, politiques et accords qui animent l’espace public global, national, mais aussi la cohésion de nos communautés et l’intimité de nos convictions personnelles, religieuses ou politiques.
Monsieur le Président, donnons-nous les moyens d’écarter l’ignorance, nous gérerons les malveillances qui persisteront. Les lois changent plus vite que les comportements. Faisons le pari de la pédagogie. Il sera toujours temps de sévir. Le temps de la sanction n’est jamais loin.
A propos du traitement des plaintes des usagers et opérateurs
Le Conseil offre à chaque citoyen l’opportunité de le saisir sur les contenus audiovisuels en cas d’éventuels manquements aux dispositions législatives et réglementaires régissant les médias audiovisuels. L’instance de régulation peut également se saisir de toute question relevant de sa compétence et en délibérer. En 2014, le Conseil a reçu un certain nombre de plaintes portant sur les programmes audiovisuels. La particularité, cette année, réside dans les différents profils des usagers qui ont saisi le CNRA. Il s’agit entre autres d’autorités étatiques, d’avocats, de représentants de la société civile, de représentants du mouvement syndical, de parlementaires.
Les motifs invoqués par les téléspectateurs et les auditeurs portent essentiellement sur :
- la diffusion de scènes en porte-à-faux avec les valeurs morales et religieuses de la société sénégalaise
- la représentation d’enfants en situations inappropriées, telles que la consommation d’alcool
- les atteintes à la pudeur, l’exposition de nudités corporelles
- le traitement grossier et/ou violent des activités de lutte
- les émissions et propos grossiers ou insolents
- les pratiques de désinformation
- le traitement déséquilibré des affaires judicaires dans une logique accusatoire
- la question de la protection des droits télévisés des manifestations sportives
- les fautes dans la transcription des langues nationales et du français
- la publicité pour le tabac ou les jeux d’argent
- la question de la médecine traditionnelle
- l’égalité et l’équité de traitement par les services de l’audiovisuel.
Le CNRA accorde un traitement particulier à chacune de ces interpellations. Après enquête, consultation des services juridiques et délibération, le CNRA rend sa décision. Le Conseil prend contact avec la partie incriminée, lui signifie par courrier le grief formulé à son encontre et lui rappelle la disposition légale ou réglementaire qui s’applique et à laquelle elle doit se conformer, sous risque de sanction prévue.
A propos de mises en demeure et des Avis trimestriels
A la suite du constat des manquements avérés aux obligations, le Conseil a mis en demeure huit opérateurs audiovisuels au titre de l’année écoulée. Toutefois, les opérateurs saisis ont généralement donné une suite positive et rapide aux rappels à la légalité en suspendant la diffusion d’émissions ou de publicités incriminées, sans délais.
En 2014, comme pour les années précédentes et conformément à l’article 14 de la loi no 2006-04 du 4 janvier portant sa création, le CNRA a publié, à la fin de chaque trimestre, un avis donnant des indications sur les « déséquilibres et/ou le non-respect du pluralisme » dans les médias audiovisuels sur la période écoulée, et de manière générale sur tous les dysfonctionnements constatés dans le secteur. Les quatre avis, dont les textes sont reproduits dans le rapport, montrent qu’à l’évidence il y a encore beaucoup à faire et que l’effort relève certes des éditeurs de presse mais également des acteurs politiques, des représentants de la société civile et, de manière générale, de l’ensemble de la collectivité, tant il est vrai que la régulation est une œuvre collective qui interpelle les différentes composantes de la société.
Les observations relevées au cours de l’année 2014 ont mis l’accent tout particulièrement sur quatre rubriques principales :
- la représentation de la diversité culturelle et religieuse
- la protection de la jeunesse
- le respect du pluralisme politique et des institutions de la République
- la déontologie dans le traitement de l’information et des programmes.
L’examen, dans le détail, des quatre Avis trimestriels de l’année écoulée démontre le caractère récurrent des manquements observés quotidiennement sur nos radios et télévisions. Les avertissements ou rappels à l’ordre adressés par le CNRA aux différents médias se révélant quelquefois insuffisants, notre institution pourrait, après deux années d’observation, prononcer des sanctions plus fermes. Cependant, pour que ses avis soient plus dissuasifs, le CNRA devrait, notamment après le passage au numérique, bénéficier de compétences plus élargies, tant au plan de son champ d’action que de ses fonctions statutaires. L’institution sera ainsi mieux outillée dans l’accomplissement de sa mission de régulation pour le moins improbable dans un espace audiovisuel aussi déstructurant qu’éclaté.
Autre chantier, la protection du jeune public / les enfants victimes de la Télévision
Les enfants, nos enfants sont les premiers consommateurs de l’offre médiatique. Probablement premiers bénéficiaires et premières victimes tout à la fois.
Nous devons protéger nos enfants. D’une part, nous devons rendre les programmes audiovisuels plus sûrement éducatifs. D’autre part, nous devons prendre en charge les multiples vulnérabilités qui caractérisent nos jeunes aujourd’hui.
Nos enfants sont exposés Monsieur le Président. Les services psychiatriques de nos hôpitaux publics nous apprennent qu’un nombre croissant de très jeunes enfants leur est amené, durablement déstructurés par la télévision. Nous devons agir.
Le CNRA a pris cette préoccupation et ce chantier à bras le corps depuis deux ans. Nous avons réuni, depuis octobre 2013, un panel divers et multidisciplinaire pour réfléchir et orienter le travail sur la protection du jeune public des divers écrans. Nous avons commandité un grand sondage national sur les usages et attitudes des mineurs devant la télévision. Vous pourrez trouver les résultats saillants de ce sondage dans le rapport 2014. Enfin, nous avons organisé des journées scientifiques sur le sujet. C’est là que neurochirurgiens, psychologues cliniciens et pédopsychiatres de l’hôpital Fann et de l’hôpital de Thiaroye nous ont démontré et documenté les cas de nourrissons d’un an, voire même six mois, précocement impactés par les écrans et le déficit d’encadrement de la consommation d’images.
Ils nous disent d’ores et déjà ce que sont les vulnérabilités et les dégâts neuropsychologiques sur les cerveaux en développement de 6 mois à l’adolescence. Mais, ce que nous ne savons pas, c’est l’impact de ces troubles sur les adultes qu’ils seront et sur leur futur comportement dans la société. Nos enfants ne devraient pas être réduits en laboratoires du pire.
Nous devons anticiper et les protéger. C’est le rôle de l’éducation. Le CNRA est à l’œuvre pour mettre en place un système de signalétique opérant. Techniquement, scientifiquement, légalement, professionnellement. Mais le chantier le plus important reste ouvert devant nous. Eduquer les familles aux médias, car c’est dans les esprits du premier cercle que nous devons édifier les remparts de protection des jeunes, la première ligne de front de cette bataille.
Parlant de l’enjeu vital de la culture, le champ de notre représentation sera-t-il labouré avec notre vision ou avec une vision louée à grand frais par des abonnements à des chaines payantes, tuyaux ouverts sur les robinets de contenus exogènes ?
En somme, Monsieur le Président, j’invite à la création et la mise sur pied d’un grand programme national d’éducation média. Aux médias, des médias, par les médias. Dans la société de l’information et du savoir, nous ne voulons pas que les Sénégalais, que la société sénégalaise, vive sous le seuil de pauvreté informationnelle et culturelle. Le secteur des médias, aujourd’hui numérique, est un enjeu économique. Il est d’abord et surtout un futur autour duquel nous devons bâtir les remparts de notre identité, de notre immunité et de notre force culturelle.
Face à cette nouvelle frontière et ce futur à défricher, il faudra certes légiférer et dans un esprit de bâtisseurs, mais il faudra surtout ouvrir et construire des espaces d’inclusion et de régulation.
Ultimement, il s’agit du Droit à la Communication. Comme on le disait dans les années 80… « Un monde, des voix multiples ». Il nous faut préserver ce droit. C’est une valeur. Il faut trouver les idées, les voies et moyens de donner corps et préserver cette utopie politique et sociale, à côté de l’utopie technologique déjà bien en marche.
Nous accueillons de nouvelles juridictions, de nouveaux outils
L’impact est déjà évident sur les conceptions juridiques de la communication. Internet et le numérique redéfinissent les modalités d’élaboration et d’application des normes encadrant la production et la diffusion. L’Etat-régulateur se voit soustraire des pans entiers de compétence et d’autorité. Citoyens et communautés inventent des normes nouvelles adaptées à leurs logiques propres et à moindre coût. L’enjeu de régulation du pluralisme dans l’environnement numérique porte sur la responsabilité et la co-régulation. Informer les acteurs de ce qu’ils peuvent faire et de ce qu’ils ne peuvent faire. Suggérer des pratiques d’autorégulation dont les autorités seraient identifiées, identifiables, légitimes et porteuses de valeurs positives.
Nous professionnalisons la régulation
Concernant l’espace national de production et diffusion numériques, un défi était la capacité de monitoring. Le CNRA a relevé ce défi en réalisant le chantier du nouveau système de monitoring qui permet de procéder à une supervision moderne, outillée et professionnelle des productions et diffusions des radios et télévisions de notre espace.
Afin de doter cet outil et cette capacité de monitoring d’un périmètre de sens, le CNRA a mis en place un groupe de travail orienté notamment sur le monitoring du pluralisme. Leurs travaux et réflexions donneront au Conseil une base d’anticipation du futur proche qui se dessine. Nous envisageons les principes et outils à mettre en œuvre pour accompagner et préserver le pluralisme. Monitoring du pluralisme de l’activité, baromètre du pluralisme et de la diversité, du patrimoine et de la créativité. La réflexion est ouverte sur les indicateurs pour mesurer et apprécier le concert de voix qui inventera notre futur commun.
Monsieur le Président, chers collègues,
Saurons-nous faire naître, à partir de 2015, une utopie, à la mesure de celle, senghorienne du rendez-vous du donner et du recevoir ? Du partage et de l’échange fécondant, sans perdre notre âme, nos repères, nos valeurs civilisationnelles fondatrices. Assimiler sans être assimilés, en un mot voler le feu, tel Prométhée, afin de nous propulser aux premières loges du banquet de l’universel. Un rendez-vous à ne pas rater où les producteurs de contenus, les créatifs, les originaux et les marginaux pourront mutualiser les ressources technologiques de production et de diffusion.
Ce rendez-vous marque le début d’un cycle. Comme tout début, il porte les signes d’un surinvestissement financier, d’un affaissement des repères, de l’avènement de technologies révolutionnaires et accessibles, de formes nouvelles de contestation, d’émergence de règles inédites. Toute cette activité finit d’annoncer la naissance, chez nous, de la société de l’information, basée sur l’information et la connaissance.
Idéalement cette connaissance s’accompagnera de valeurs qui convoqueront autour de cette table prométhéenne des hôtes tous sortis de la côte numérique d’Adam. Ou de sa pomme.
Je vous remercie.