Persistance de manquements graves à la réglementation, le CNRA met en garde

Des médias audiovisuels ont, à la suite de la publication de la liste des membres du nouveau
Gouvernement, dans des éditions spéciales, failli gravement à leur responsabilité.
En laissant leurs collaborateurs (journalistes et/ou chroniqueurs) tenir des propos extrêmement
dangereux, et avec une légèreté extrême, consistant à remettre en cause ou à questionner la
nomination du nouveau Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique sur des considérations
exclusivement religieuses, les médias concernés ont violé la réglementation, notamment la
Constitution et leur Cahier des charges.
Selon la Constitution, dont le préambule proclame « l'accès de tous les citoyens, sans
discrimination, à l'exercice du pouvoir à tous les niveaux » et « l'égal accès de tous les citoyens
aux services publics » :
– « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité
devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d'origine, de race, de sexe, de religion.
Elle respecte toutes les croyances » (article premier) ;
– « Tout acte de discrimination raciale, ethnique ou religieuse, de même que toute
propagande régionaliste pouvant porter atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat ou à
l'intégrité du territoire de la République sont punis par la loi » (article 5).
Selon les Cahiers des charges des médias audiovisuels, le Concessionnaire veille, en
particulier à ne pas diffuser :
– des propos ou contenus de nature à constituer une menace sur la stabilité nationale et la
cohésion sociale, notamment ceux susceptibles d’entraîner ou de provoquer une
confrontation entre les religions, les confréries ou les communautés ;
– des propos incitant à l’intolérance, à la stigmatisation, à l’exclusion et à la
marginalisation.
Par ailleurs, il est aussi noté de plus en plus dans les séries télévisées, une forte présence de
contenus dont la diffusion est interdite, notamment les propos stigmatisants, déshonorants,
dévalorisants ou injurieux à l’endroit de certaines communautés ou ethnies.

Le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel, conformément à sa mission de veiller au
respect de la réglementation et face à l’irresponsabilité qui ne cesse de prendre de l’ampleur
dans les médias et aux dangers qu’ils pourraient constituer pour la vie en communauté, la
cohésion sociale et la cohabitation pacifique, après en avoir délibéré :

Met en garde les médias audiovisuels et les appelle à prendre les mesures appropriées
pour ne plus diffuser de contenus ou propos de nature à porter atteinte à la vie en
communauté ou à constituer une menace pour la cohésion sociale et la cohabitation
pacifique.

Pour l’Assemblée du CNRA

Communiqué suite à la diffusion de plus en plus notée de messages xénophobes contre certaines communautés, de nationalité sénégalaise, ou établies au Sénégal.

Depuis quelques temps, des médias audiovisuels servent de tribune ou de cadre à Monsieur Tahirou SARR, en diffusant ou en relayant ses propos susceptibles d’inciter à la haine, à la discrimination, au racisme, à l’intolérance, à la stigmatisation, à l’exclusion envers une communauté ou d’installer des troubles sociaux et des tensions entre Etats voisins appelés à vivre en bonne intelligence et en harmonie.

La diffusion de tels contenus est strictement interdite par la réglementation, notamment la Constitution et les Cahiers des charges des médias audiovisuels.
Selon la Constitution, le peuple du Sénégal souverain affirme sa détermination à lutter pour la paix et la fraternité avec tous les peuples du monde.

Le CNRA appelle instamment les médias audiovisuels, quel que soit leur mode de diffusion, à mettre un terme définitif à de pareils manquements en s’interdisant, conformément à leur Cahier des charges, la diffusion de contenus ou propos de nature à porter atteinte à la vie en communauté ou à constituer une menace sur la cohésion sociale et sur la cohabitation pacifique entre les peuples sous peine de s’exposer aux sanctions prévues par la règlementation.

 

Observation du CNRA sur la série « Bété Bété » diffusée par la SEN TV. Madame la Directrice Générale

La série « Bété Bété » que diffuse actuellement la SEN TV,  a fait l’objet de plusieurs plaintes et récriminations devant l’Organe de régulation. Le CNRA, après avoir visionné des extraits de certains épisodes de ladite série, a pu constater plusieurs manquements à la règlementation. Dans la série, sont régulièrement notés des propos, comportements et images injurieux ou déshonorants à l’endroit d’une partie de la communauté.

La diffusion d’une telle production constitue une violation du Cahier des charges relatif à l’établissement et/ou l’exploitation d’un service de télévision privée commerciale, notamment en son article 12.

 

Selon cet article, « Le Concessionnaire veille, en particulier à :

 

  • ne pas diffuser des propos incitant à l’intolérance, à la stigmatisation, à l’exclusion et à la marginalisation ;

 

  • ne pas diffuser des propos ou contenus de nature à constituer une menace sur la stabilité nationale et la cohésion sociale, notamment ceux susceptibles d’entraîner ou de provoquer une confrontation entre les religions, les confréries ou les communautés (…) ».

 

En considération des éléments ci-dessus, le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel, conformément à sa mission de veiller au respect de la réglementation et, après en avoir délibéré en sa séance du 19 mars 2024, enjoint à la SEN TV de veiller à ce que des propos, comportements et images malveillants ou injurieux à l’endroit d’une quelconque partie de la communauté ne soient plus diffusés dans la série « Bété Bété ».

 

Le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel appelle la SEN TV à prendre les mesures appropriées pour se conformer à la présente observation.

L’enfant au risque des médias

Quel est l’impact des médias sur nos enfants ? Quel est l’impact des heures passées devant la télévision et les contenus questionnables ? Que signifie l’arrivée des multimédias dans les foyers et quels sont les effets de leur utilisation croissante par les jeunes ? Comment en tirer le meilleur bénéfice ?

Extraits de l’article de Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, docteur en psychologie, Directeur de Recherches à Paris-X Nanterre, France.

Dès l’âge de 2 ans, un enfant est capable de se détourner de ce qui le dérange, notamment en quittant la pièce ou en changeant de chaîne quand il est plus grand. Cela dit, les scènes représentant des événements de la vie réelle sont celles qui présentent le plus de risques de le perturber. Cette catégorie comprend notamment les sujets d’actualité comme la guerre, les famines dans les pays étrangers, et les scènes dans lesquelles des animaux sont blessés ou tués.
Mais, autant que ce qui est montré, c’est son contexte émotionnel qui importe pour l’enfant petit. Pour lui, voir un soldat tirer au fusil mitrailleur est moins perturbant que de voir des gens hurler, pleurer, sortir de leurs maisons en courant. Et il est encore plus perturbé lorsqu’il ne sait pas quelle valeur attribuer à cette intensité émotionnelle, comme c’est le cas lorsqu’il voit des images pornographiques.
Certaines images – notamment les images violentes – peuvent provoquer chez l’enfant un stress émotionnel intense, sous la forme d’émotions massivement désagréables comme l’angoisse, la peur, la colère ou le dégoût. Et, pour se protéger contre ces impressions désagréables, il tente de les transformer. Il utilise pour cela trois moyens complémentaires : les mots, les scénarios intérieurs et la symbolisation sur un mode émotionnel, sensoriel et moteur.
Tout d’abord, les images violentes stimulent la mise en sens avec des mots. Les enfants qui ont vu des images violentes cherchent un interlocuteur,  alors que ceux qui ont vu des images ne contenant pas de scènes de violence s’en détournent.
Un deuxième moyen qu’ils ont pour élaborer le choc émotionnel de ces images consiste à se raconter de petits scénarios dans lesquels les héros du film agiraient différemment, ou des scènes dans lesquelles ils s’imaginent eux-mêmes dans une situation identique. Ces petits scénarios intérieurs sont parfois racontés, mais certains enfants ont besoin de passer par la construction d’images matérielles pour les expliciter et les communiquer, comme des dessins, des story-boards, des photographies ou la réalisation d’un petit film.

Enfin, un troisième moyen qu’ont les enfants pour élaborer la forte charge émotionnelle des images violentes consiste dans les manifestations non verbales. Certains d’entre eux présentent en effet des attitudes, des mimiques et des gestes qui évoquent ceux qu’ils ont vus représentés, mais il s’agit d’une imitation « pour de faux ». En fait, là encore, c’est une manière de prendre de la distance par rapport à ce qu’ils ont éprouvé et de le socialiser en se rassurant sur le fait que les autres ont éprouvé la même chose.
C’est pourquoi les parents qui voient leurs enfants jouer à imiter des scènes pénibles qu’ils ont vues au cinéma ne doivent pas les en empêcher, bien au contraire ! C’est une façon pour eux de prendre de la distance et d’éviter que le choc émotionnel qu’ils ont ressenti se transforme en traumatisme durable.

De quel Audiovisuel voulons- nous ?

Que valent les programmes que nous proposent les 17 télévisions en opération au Sénégal ?

Quelle est la valeur ajoutée des contenus diffusés dans 75% des foyers sénégalais ? Quel impact sur l’éducation de nos enfants et sur la cohésion de notre société ?

Le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) ouvre le débat et invite professionnels de la télévision et de l’industrie culturelle, universitaires, régulateurs et fa- milles à la réflexion sur la qualité et l’impact de ces contenus, notamment les séries télévisées qui se multiplient sur de nombreuses chaînes.

Les producteurs et diffuseurs de théâtre à la télévision respectent- ils le contrat de qua- lité technique, artistique, éducative, morale que leur impose le cahier des charges ? Cèdent- ils au contraire, à la dangereuse tentation de la quantité subventionnée par la publicité, au sacrifice de la qualité ?

La liberté d’expression, la liberté de la Presse, la liberté de création reconnues à tous, notamment aux médias et accompagnés de concessions de licences de radio ou télévision imposent un devoir de professionnalisme et de respect des sacrés qui fondent et stabilisent la société.

Quel usage le paysage audiovisuel sénégalais fait- il aujourd’hui de la liberté d’expression ? Avec quel impact et quelle responsabilité de chacun ?

S’appuyant sur les résultats de sondages qu’il a commandités sur les habitudes médias de la population en général et des jeunes en particulier face aux mutations sociétales et aux convergences technologiques, le CNRA invite à «mieux comprendre pour mieux agir« sur les valeurs anciennes et nouvelles véhiculés par les écrans. C’est la raison de ce cadre de réflexion et d’échanges entre autres initiatives à la faveur desquelles le Régulateur continue de creuser le sillon de son credo : la problématique n’échappe pas au besoin d’éducation par les médias, ni même d’éducation aux médias.

  • Les médias reflètent- ils notre société ?

Notre rôle, au CNRA, est le monitoring et la régulation. L’essence de la régulation qui guide le travail du Conseil est de maintenir une température constante et un équilibre dans le corps vivant, divers et complexe qu’est notre société. Des éruptions de fièvre, des réactions épidermiques, voire émotionnelles, peuvent se produire. Elles peuvent aller jusqu’à heurter nos sensibilités, perturber notre sens commun ou même défier notre libre arbitre. Cela arrive lorsque, dans la substance comme dans la forme. – avec des tonalités variables – des idées, des images et des sons diffusés, charriés par les médias irriguent et énervent notre vie quotidienne. En toute liberté. En effet, la liberté d’expression est la matrice du procès de production et de diffusion audiovisuelle.

Discours de Mr. Babacar Touré à l’ouverture de l’atelier sur Ethique journalistique et droits de l’enfant (24-25-26 février 2016)

« La protection de nos enfants exige désormais une éducation aux médias »

Le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) que j’ai l’honneur de présider, a depuis quelques années fait le constat, plus que préoccupant, des « dérives régulièrement notées » dans les médias, qui impactent et nuisent gravement, d’une part, aux enfants, aux adolescents, à leur développement psychologique, intellectuel, social et d’autre part, à la cohésion de la société qu’ils formeront demain. Fort de ce constat, le CNRA a fait de cet enjeu une priorité, en comptant sur la convergence et la synergie des initiatives et forces des institutions publiques, autant que des familles et des associations qui se mobilisent sur la question.

Nous sommes ici réunis pour penser et formuler la protection de nos enfants. C’est une bonne raison de se réunir. Probablement même la meilleure des raisons.

J’échangeais, il y a peu, avec deux doyens – presque centenaires – qui argumentaient que leur génération savait mieux aimer les enfants. Parce qu’au-delà de l’apparente rudesse dans les rapports, l’enfant était la richesse ultime voire unique, objet de l’attention au quotidien que nous appelons éducation. Ou protection. Avec un fort accent sur le bien-être social de cet être en construction.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Avant même de citer des études savantes, il est manifeste qu’un grand nombre de parents sont aujourd’hui inquiets pour leurs enfants, pour leur sécurité et leur devenir. L’idée de laisser un fils, une fille, de 10 ans traverser la rue, aller à la boutique, rejoindre le terrain de foot du quartier tracasse bien des parents dakarois. Il faut dire qu’il ou elle pourrait bien rencontrer un adulte mal intentionné. Ou encore – et cela est d’une certaine manière plus dérangeant – un enfant de la rue dont le comportement pourrait être imprévisible.

Mais au-delà des peurs, des fantasmes et des intuitions, des rapports nationaux et internationaux produits par les spécialistes des droits de l’enfant, nous indiquent que si, au Sénégal, culturellement, l’enfant est sacré et considéré comme un don de Dieu, force est de constater que dans la société dite moderne, il manque de protection et d’assistance.

Selon les responsables de la mise en œuvre de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, la situation des enfants dans notre pays est classée comme « situation difficile », qui est le niveau 4 sur une échelle de 5, le niveau 5 étant le stade le plus grave.

Alors quel est le problème aujourd’hui ? Qu’arrive-t-il à nos enfants ? Qu’arrive-t-il à notre société pour qu’elle ait tant de mal de prendre soin de ses enfants, les éduquer et les protéger ?

Les maux sont multiples, connus et répertoriés :

  • la question des talibés devenue apparemment résistante aux thérapies est si ancienne que les premiers talibés ont aujourd’hui des cheveux blancs. Ils sont, dit-on, quelque 150.000, livrés à eux-mêmes, à l’indigence, la gale, à la prostitution, la violence, à un avenir plus qu’incertain ;
  • des enfants de la rue dont les maigres espoirs résident dans la générosité d’initiatives venues d’ailleurs ;
  • la réduction de la moralité infanto-juvénille doit assurément être un chapitre aux ambitions de l’émergence de notre pays. En effet, la Banque Mondiale nous apprenait en 2015 que 47 pour 1000 des enfants de moins de 5 ans ne connaissent pas leur 6ème anniversaire. La lumière, ce sombre tableau est que ce taux est à la baisse.
  • Les violences des ascendants et des personnes en position d’influence est un des sujets de société qui est resté trop longtemps et reste aujourd’hui encore un tabou, garant de la perpétuation de ces forfaitures. Le voile de fausse pudeur et de silences coupables sont des atteintes graves à la protection des enfants ;
  • La scolarisation, le niveau et taux d’abandon interpellent sur les niveaux d’investissement pour l’éradication des causes profondes, au sein des familles et des communautés, au-delà des investissements consentis pour améliorer classes, enseignants et manuels scolaires ;
  • – Environ 500.000 enfants seraient soumis au travail précoce, passerelle pour la délinquance juvénile. Puis se profile le cycle mal maîtrisé, voire vicieux de la répression /rééducation en milieu ouvert ou carcéral ;
  • Et pour ceux de nos enfants que la vie a apparemment épargnés, les voici proies inattendues, mais faciles et bien réelles des nouvelles tablettes de notre temps, les écrans médiatiques dont les parents ne savent guère plus quelles lois elles leur enseignent. Mais ceci relève de la part que CNRA et nous y reviendrons.

Alors devant ce sombre tableau et ces perspectives moroses, pour ne pas dire lugubres, comment renouer avec les utopies sociales du développement ? Comment faire rêver nos enfants -et leurs parents- d’égalité des chances et d’équité ?

Là encore, les cycles vertueux sont connus. Car la vie, les familles, les sociétés sont pleines de ressources vitales. Face à ce qui menace la famille, trois étapes de solutions se succèdent inéluctablement :

  1. Chaque famille se débrouille et tente de trouver, dans la discrétion et l’autonomie, le remède au mal de son enfant ;
  2. L’expérience entrant, la fatigue se faisant sentir, l’entraide devient nécessaire. Les familles, les associations et les quartiers tentent des solutions. Avec les limites qu’ils rencontrent rapidement car leurs bras musclés ne peuvent arrêter l’océan de mal-développement ;
  3. Enfin, les regroupements interpellent la responsabilité de l’Etat et la seule vraie solution à cette échelle : l’impérieuse nécessité de politique publique.

Encore faut-il arriver à la troisième étape. Nous parlons de politique capables, sincères, viables, avec toutes les forces jointes pour trouver l’issue aux problèmes du dehors que sont l’existence pathétique des talibés ou des enfants de la rue et, plus récemment,les problèmes du dedans que sont la télévision, les accès incontrôlés à l’Internet ou l’usage excessif des smartphones par les enfants.

Le problème de l’enfant face aux médias, quel est-il ?

Celui d’une jeunesse, la nôtre, livrée à la société médiatique, à ses excès et ses dérives, sans véritable protection. Sans véritable protection parce que leurs protecteurs naturels sont démunis. Au mieux, certains donnent un encadrement avec des limites éducationnelles de bon sens. Mais, là encore, elles se battent contre un océan.

Un jour, il y a un peu plus de 40 ans, la télévision est entrée dans nos foyers. Nous avons alors accueilli les atours et les conforts de la modernité. Mais nous sommes-nous donnés, depuis tout ce temps, les moyens de comprendre, mesurer et contenir ce nouvel « éducateur » dans la famille ?

Autrefois, chaque famille racontait à ses enfants son histoire, sa généalogie, les événements qui la touchaient dans sa proximité et selon ses valeurs, inculquant repères, rêves communs de construction d’une mosquée, d’une chapelle et d’une école de la communauté, quête de paradis et crainte de Dieu.

Le Sénégal compte plus d’une vingtaine de télés et plus de 200 radios en opération, plus d’une dizaine de sites d’information à l’intention du lectorat sénégalais qui raconte chaque jour à des milliers de familles qui vivent des réalités différentes, la même histoire.

Cette marée de contenus divers et de qualité inégale interpelle le CNRA. L’article 7 de la loi portant création du CNRA lui fait obligation de veiller à la sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence devant les contenus des programmes.

Le CNRA a commandité en 2014, un sondage national qui établit, sans appel,

  • Que nos enfants sont surexposés aux écrans
  • que les vulnérabilités engendrées sont diverses
  • et les mécanismes de protection très insuffisants.

Les dérives des contenus médiatiques impactent le jeune public. Notons que près du tiers des enfants n’arrivent pas à distinguer entre images/scènes réelles et images/scènes fictives vues à la télévision. Et ce résultat est plus accentué auprès des 10-13 ans. Soit qu’ils demandent parfois si les images vues sont réelles soit qu’ils prennent des risques en voulant reproduire des scènes vues dans des films.

Selon les enfants, les émotions les plus récurrentes déclenchées par les images sont la peur (84%), les troubles (50%) et les insomnies ou cauchemars (37%).

Du nourrisson à l’adolescent en passant par l’enfant en âge scolaire, les médecins et spécialistes de l’Hôpital Fann ou de Thiaroye ont documenté des signes comportementaux tels que l’instabilité motrice, l’évitement du regard, les difficultés langagières, troubles de la mémoire, difficultés d’accès à l’écriture l’échec scolaire, les fugues…

Les parents interrogés sont nombreux à avouer leur incompétence à contrôler la consommation de la télévision et de l’Internet de leurs enfants.

Face à cette réalité des médias qui induisent des changements dans les comportements des usagers notamment chez le public jeune, le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) a engagé une initiative pour la protection du jeune public des écrans.

La finalité du projet est de susciter l’amélioration de la qualité de l’offre que les jeunes reçoivent sur les divers écrans et mettre en œuvre des mécanismes de protection du jeune public, notamment l’application de la signalétique.
Pour cela, il faut forger une chaîne de responsabilités qui définit :

  1. Rôle de la famille ;
  2. Rôle des opérateurs télé et Internet ;
  3. Rôle protecteur de la loi et de l’état.

Tout ceci revient à trois incontournables :

  1. Éduquer les médias à leurs responsabilités sociétales
  2. Éduquer par les médias
  3. Éduquer aux médias, notamment les parents

Là est le rôle à nouveau des médias et plus précisément du journaliste, informer, documenter sur les sujets qui passent typiquement sous le radar de l’actualité soit parce qu’il touche à des personnes sans pouvoir, des personnes faibles -les enfants- soit parce que cela est perpétré dans les espaces d’ombre, tel que la famille.
Quelle chance à nos enfants ? Quelle part de rêve leur reconnaissons-nous ? Quelle représentation d’eux-mêmes ?

Quel rôle assignerons-nous à nos médias pour changer la société, le regard de la société sur elle-même et sur ses enfants ?

Nous touchons là à nos valeurs socio-culturelles et à notre représentation de l’enfance.
Au fil des mutations sociétales, notre conception de l’enfant a subi des fluctuations. En raison de la forte mortalité infantile et de sa vulnérabilité, l’enfant n’a pas fait l’objet de projections claires et de renouvellement du projet de société. Pourtant le regard porté sur lui change et une idée moderne de l’enfant se fait jour.
Nous comptons sur vos travaux pour faire avancer la réflexion et la protection des générations futures.

Babacar Touré,
Président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA)

Présidentielle du 24 mars : Diffusion du temps d’antenne des candidat à la RTS

La campagne électorale pour la présidentielle du 24 mars 2024 sera officiellement lancée, le dimanche 10 mars. Durant 13 jours. Lors d’une réunion tenue au siège du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), le temps quotidien réservé à chaque candidat a été déterminé de même que l’ordre de passage fixé par tirage au sort.

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